CONTREPARTIE
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.DIALOGUES.
Scène 1
(Elle est assise. Lui est debout pieds-nus ; il dresse des planches contre le mur) Elle On m’a dit de m’adresser à toi J’arrive un peu tôt, c’est un jour calme je crois le ciel est vide, on peut dormir Je peux m’endormir n’importe où, assise là à midi, commencer à rêver Lui J’ai presque fini tu vois Je dégage un peu la sortie Elle Ton nom est encore sur la porte en bas Ca doit rassurer les voisins J’arrive au mauvais moment C’est difficile de prévoir (Il s’assoit et met des chaussures) Lui Ca ne sert à rien d’attendre ici Elle Je pense à ceux qui vont regretter ta présence bienveillante dans ces murs Je pense aux autre qui n’en reviendront de t’avoir laissé filer Lui Je ne suis pas parti encore (sourire) tu es la seule personne à venir me retenir en plein déménagement Elle On m’a dit que je pouvais m’adresser à toi et s’il le faut revenir trois fois (Il se lève et quitte la pièce) Lui Fais attention il y a des clous et du verre par là Elle Parce qu’on ne sait compter que jusqu’à trois en réalité Après les nombres c’est un jeu de logique et d’écriture (elle le suit)Scène 2
Lui Les meubles sont partis avec la décoration sans le contenu des armoires et les affaires à trier. Ici c’est la salle commune la pièce idéale des après-midi d’été la salle de bal, de projection, de tir à l’arc. Tiens encore des livres des livres qui traînent une voisine me les récupère Regarde là il y a des vieilles photos Elle Je m’étais imaginé quelque chose de moins lumineux avec plus de murs à l’intérieur des murs blancs Plus de murs plus de portes On dirait que tu es presque parti quand même Lui Regarde ici. C’est là. Je viens le soir vider les lieux Extraire ce qui mérite de vieillir, faire le démantèlement. J’ai gardé une couchette dans un coin pour dormir (Elle regarde par la fenêtre) Elle C’est grand Là derrière c’est un jardin Il y a un jardin derrière Ca en fait partie ? On dirait la campagne Lui C’est un petit terrain et c’est pire que la campagne. Un agglomérat de plantes invasives Regarde dans ce tas Ca n’était plus en travail ici. Ca ne travaillait plus et ca partait mal avec l’entropie - entropie aussi dans les chambres la salle à manger les combles la salle de bain tu verras Tu n’as pas faim (Il s’installe une petite table et tranquillement mange une pomme) Elle On m’a dit que tu serais au courant de ma visite Lui On m’a dit en effet que tu viendrais chercher ici quelque chose. Elle Et on m’a dit de m’adresser à toi et que ça ne serait pas facile Lui Je te connais tu sais faire tourner les tables installe toi alors est-ce que la chose que tu es venues chercher est ici dans cette pièce avec nous Elle En quelque sorte, oui. Je l’ai peut-être sous les yeux à l’instant même. Je crois que j’en saisis d’ailleurs une image assez brumeuse et presque prête à se former ici (désignant la tête) oups trop fragile tu as oublié, tu as oublié. Quelle étrange capacité, c’est scandaleux. Lui C’est facile. Avec les événements je ne garde rien. Et si j’avais pu tout vendre je serais déjà parti. Les choses embarrassantes je les démonte pièces par pièces, je les démonte jusqu’à l’informe, et l’informe je m’en débarrasse j’arrive même à le revendre. C’est quelque chose qui t’appartient ? De quoi s’agit-il ? Elle Tant que pour toi ça reste dans l’oubli ça n’a aucune importance. Il n’y a aucune contrepartie à ça.Scène 2bis
Lui tu n’as rien vu ici alors tu étais mal renseignée peut-être mais l’appartement est grand Elle (en s’amusant de lui) tu l’as su ce que je sais, et moi je le sais que tu l’as su ce que moi je sais - je le sais et je ne le dirai pas, ça c’est amusant ! (sérieuse) il reste un peu de temps, il y a encore des pièces à visiter Lui Il y a les pièces d’à côté, à condition de faire vite, et puis tu reviendras m’expliquer qu’est-ce qu’une chose dont l’existence est sans contrepartie ? Pas ça, pas ça… Tu m’as menti, ça ne peut surement pas s’oublier comme ça. A moins qu’ici, dans les murs qui se taisent, avec ce qui gronde dehors à nouveau, tu vas voir… (Elle s’est éloignée) Intermède : elle traverse des pièces de l’appartementScène 3
(Il plie des tissus au sol) Lui Cette fois je prends le strict nécessaire et je pars pour de bon en laissant dans l’état Je ne parviens plus à faire les choses et la distribution des choses dans le bon ordre Elle On est bien allé jusqu’à trois, tu as compté ? Je n’ai pas encore vu le jardin Lui et alors, je vais laisser la porte ouverte je pars à l’étranger Là-bas, un peu partout, l’étranger c’est tout autour (elle le rejoint et l’aide à plier) Elle même dans les collines, à l’écart des chemins, C’est le centre que tu cherches prends ça comme habit (elle lui montre le drap, il va s’assoir) Je m’en irai plus tard après une visite au jardin (…) Qu’est-ce que tu as ? (Il est assis. Il souffre d’un pied) Lui Une crampe. Une petite crampe Elle tu avais raison le ciel ne s’est pas calmé J’en ai vu encore cette nuit C’est silencieux Une lueur soudaine, étincelante qui tombe doucement dans l’atmosphère avant de se briser comme une fleur qui éclot ils ne les laissent jamais venir jusqu’à nous Ca t’empêche de dormir ? Lui Dans le jardin où les crapauds se réunissent, on parle d’une prochaine catastrophe Tu sais, une terrible destruction un genre de bombardement Elle Tu as la tête vissée à la verticale, vissée vers tout ce qui vient du ciel et qui ne tombe pas Lui L’enthousiasme des actes ne suffira plus à éviter la catastrophe. Elle Des excuses dans ta bouche. C’est si important que ça reste là-haut Regarde ce que ça fait Lui quelle tristesse, on dirait que tu as pitié des pierres Elle il faudrait laisser tomber ce qui tombe arriver au sol ce qui vient du ciel sais tu ce que je fais ici ? Lui je n’oublierai pas. je dois partir Elle sais tu ce que je fais ici ? Lui « et tandis que la creuse sonnerie emplit nos horizons d’alarme tu lèches la chair du fruit et à l’intérieur il y a le mystère… »extraits vidéo | ... textes 1 | 2 | 3 | ...