tele_B

 Voici un œil posé ici comme un judas par une main anonyme et technicienne, devant la vue plate et monotone de la promenade sur les remparts, un dimanche de février.
 Rien à voir, rien sur quoi veiller. Depuis longtemps monsieur du Mollet ne court plus sur la plage, où rôdaient jadis les vingt-quatre dogues portiers de Saint Malo qui mangèrent un officier en 1770. Cet excès de zèle les a fait supprimer, a écrit Victor Hugo.
 Alors se rêve et se fait un film avec un embarras semblable à la rédaction d'une lettre anonyme; un film composé non pas d'images multiples collées les unes à côté des autres, mais constitué d'une seule image, d'un plan unique qui veille et qui surveille le jour et la nuit.
 D'ici que voit-elle en rêvant, cette caméra amarée comme ailleurs ses consœurs ?

tele_A

 Des choses insoupçonnables.
 La caméra détecte les présences et dans l'ordre du soupçon, distingue les visages et reconnaît facialement. Dans son rêve elle isole en bas le manège dissimulé de précurseurs sombres qui impulsent et propagent la dramaturgie des événements du dessus.

promeneurs

 Dans le même temps (et c'est bien pourquoi il faut deux écrans pour comprendre sa vision), cette caméra distingue en haut un autre mouvement d'un style particulier, d'un style qu'elle évalue pour qualifier la menace.

mouette

tracker

 On imagine une caméra qui surveille en rêvant - ou qui rêve en surveillant - et pour montrer cela, deux écrans de projection se feront face avec au milieu un banc.
 Paisible au milieu de la grisaille, la petite foule de promeneurs avance vers son reflet de part et d'autre.

croquis